Danser le Tango pour se soigner ?

Je vous partage cet article sur la tango-thérapie.
 
En Argentine, à Buenos Aires, des institutions hospitalières comme l’Hospital de Clinicas, se servent du tango en tant qu’outil thérapeutique, pour les patients atteints de maladie neurodégénératives – et plus particulièrement les Parkinsoniens – mais également pour ceux d’hôpitaux psychiatriques.
Effectivement, nombreuses sont les études qui démontrent les bénéfices du tango, et du rythme de la musique sur les patients par la stimulation de l’ensemble des mécanismes de la danse, qui aiderait ainsi à compenser la défaillance des neurotransmetteurs et à améliorer le vécu des malades.

Lorsqu’on souffre d’inhibitions dans le geste, il peut être bien utile d’évoluer dans un cadre défini, une sorte de contenant pour faire ses expériences. La danse à deux offre ces codes extérieurs, et surtout la présence d’un partenaire, avec lequel on peut remarquer ses réactions (“je me raidis… je m’appuie fort… j’ai le ventre qui se serre… je le tiens à bout de bras… je me cramponne… je l’oublie… je m’oublie…”) et expérimenter des gestes différents. Dépendance/indépendance, confiance/méfiance, proximité/distance, frontières, par exemple, sont des dimensions souvent mises en lumière dans ce travail.

Lorsque deux personnes dansent ensemble, trouver l’harmonie n’est pas immédiat. Trop près, trop en distance, trop fusionnels, trop indépendants, l’un en fait trop, l’autre pas assez, l’un occupe trop l’espace et envahit sa ou son partenaire, ou bien encore les deux sont en concurrence permanente. Autant de situations, reflets de leur être au monde, où les danseurs doivent trouver leur ajustement.

Chacun doit être dans une écoute permanente de soi et de l’autre, la danse est co-créée, le mouvement de l’un influe le mouvement de l’autre. Lorsque le danseur prend l’initiative d’un pas, la danseuse anticipe son intention pour effectuer son propre mouvement.

Ils ne peuvent s’accorder l’un à l’autre qu’en restant chacun eux-mêmes et en permettant à l’autre de rester lui-même. L’illusion d’unité produite par un couple de grands danseurs est merveilleuse, mais en réalité l’unité est une dualité maintenue, assumée. Ces ajustements sont identiques à celui du couple dans la vie.

La notion de champ, est un concept important en Gestalt-thérapie, basée sur les travaux de K. LEWIN, psychologue d’origine allemande (1890 – 1947), à l’origine de la « dynamique de groupe ».

Un groupe est une association d’individus entrant en interaction dans un contexte donné et poursuivant un but commun. Par exemple, un couple de danseurs est un groupe constitué de deux individus, dont le but est de danser ensemble.

La théorie du champ considère une situation dans sa globalité, et les phénomènes sont reliés entre eux. Chaque élément est en interdépendance réciproque, et se trouve modifié par l’interaction de tous les autres. Le champ ne se limite pas aux relations interpersonnelles, mais englobe l’organisme et son environnement.

Le champ est propre à chaque individu et fonction de l’expérience et du moment. Lorsque deux personnes interagissent (par exemple dansent ensemble), les deux selfs interagissent dans un champ commun. M. Perlett, gestalt-thérapeute anglais qui a eu un apport important dans la théorie du champ, nous explique ce qu’il se passe dans l’entre-deux (cité par Chantal MASQUELIER), «reconnaissons que lorsque deux personnes échangent d’une façon ou d’une autre, il y a quelque chose qui surgit et qui n’est pas imputable ni à l’une, ni à l’autre exclusivement. Ce  qui arrive entre elles est le produit des deux. C’est une réalité co-créée qui comprend potentiellement tout ce qui est dans les champs expérientiels ou les espaces de vie des deux participants. Ce ne sont pas simplement deux jeux d’expérience qui s’ajouteraient l’un à l’autre. Il s’agit plutôt d’un champ partagé, une base de communication construite en commun. » (MASQUELIER, 2008).