Soigner les femmes violées par la danse, c’est ce que propose Bolewa Sabourin, chorégraphe et danseur franco-congolais.
“La danse comme outil de résilience, comme moyen de reprendre le pouvoir sur soi-même”,
témoigne-t-il dans cet article de Nadia Bouchenni sur TV5MONDE.
Bolewa Sabourin est à l’origine du projet « Re-création », une idée qui est née sur le moment lors de sa rencontre avec le docteur Mukwege. « Le docteur Mukwege expliquait qu’il avait reçu beaucoup d’aide de la part de psychiatres, psychologues, psychothérapeutes occidentaux qui tentaient de faire parler ces femmes, selon la méthode occidentale. En fait ça ne fonctionnait pas car elles n’ont pas cette culture de raconter leurs problèmes, de se livrer de cette manière. Il disait que par la danse, par le chant, elles arrivaient parfois à se libérer, à se livrer. Ça a fait tilt. Moi je suis danseur. Ce que je peux apporter, c’est ça. C’est ma connaissance de la danse. »
“J’ai toujours pu, grâce à la danse, faire le déni de ma vie mouvementée”.
La danse est comme un premier langage pour le jeune homme :
« Pour moi on ne guérit jamais de ses traumas. On apprend à vivre avec. On apprend à en faire une force. La danse a toujours été mon outil de résilience. Si je ne danse pas, je sombre. Je retourne dans les ténèbres quand je ne danse plus. C’est ce qui me maintient à flots, en dehors de l’eau.
J’ai été mon premier cobaye, parce que la danse a toujours fait partie de ma vie. J’ai toujours pu, grâce à la danse, faire le déni de ma vie mouvementée, où je pouvais être aimé quand je ne recevais pas de l’amour à la maison, où je pouvais panser mes plaies quand j’en avais, où je pouvais économiquement trouver de l’argent en donnant des cours. C’était tout mon environnement.
C’était aussi le moment où je pouvais crier sans que les gens m’entendent. Je pouvais extérioriser ce que j’avais à l’intérieur. Qu’on me paye, qu’on m’envoie de l’amour, sans passer pour un fou. Je pouvais me cacher derrière la danse.
Donc oui, si ça avait été utile pour moi, pourquoi ça ne le serait pas pour d’autres ailleurs ? Ça a été naturel comme réflexion. »